Son expérience incroyable fait d’elle une figure emblématique du design. Si New York est son refuge officiel pour créer les plus beaux intérieurs, Jasmine Lam distille son style à travers le monde !
Membre du MoMa Contemporary Arts Council and Architecture + Design Circle et soutien incontournable à de nombreuses associations en faveur de l’éducation, des droits de l’enfant, du design durable et de l’environnement, Jasmine Lam prend le temps d’une conversation sur le design, l’architecture et la place de la femme dans ce milieu.
Jasmine, peux-tu nous parler de l’agence Jasmine Lam Interior Design & Architects ?
Ma société est un cabinet d’architecture d’intérieur composé de designers et d’architectes. J’ai quitté Gensler, un grand cabinet d’architecture et de design d’intérieur pour créer ma société. En tant que cadre supérieur d’une grande entreprise, vous êtes souvent en réunion la plupart du temps et la conception est laissée aux autres membres de votre équipe. Je voulais être directement impliquée dans la conception, le sourcing, etc.
Quel est ton parcours ?
Je suis sino-américaine, fille de deux immigrés/entrepreneurs. Adolescente, je voulais travailler dans les médias et je suis allée à l’UCLA pour mes études de premier cycle afin de poursuivre une carrière dans la production de films. Après avoir travaillé aux studios Disney, sous la direction de Michael Eisner et Jeffrey Katzenberg, mon professeur et mentor Peter Guber (producteur et PDG de Sony Pictures) m’a encouragé à travailler comme agent. J’ai travaillé à l’agence William Morris et à 25 ans, je suis devenue agent à part entière (la première femme asiatique-américaine à Hollywood). Après 4 ans à représenter des réalisateurs, des scénaristes et des acteurs de haut niveau, j’ai réalisé que je voulais davantage miser sur la créativité.
J’avais un père architecte très passionné, et tout au long de mon enfance, nous allions visiter des sites architecturaux le week-end et pendant les vacances en famille. Sa passion pour le design a déteint sur moi. Je m’intéressais davantage à l’architecture et au design d’intérieur parce que la durée des projets d’architecture était beaucoup plus longue. Aussi, je préférais les projets de design et d’architecture d’intérieur à taille humaine. J’ai déménagé à New York pour changer de carrière et j’ai poursuivi un master en design d’intérieur au Pratt Institute. Je savais qu’être à New York serait une grande opportunité afin d’apprendre et de voir de près, le travail de tant de grands architectes et designers.
Quelle est la différence entre le marchés américain et le marché chinois ?
Dans le monde « digital » actuel, il est difficile de faire la différence entre le marchés américain et le marché chinois. Lorsque je suis allée à Shanghai il y a plus de dix ans, je me souviens qu’un ami architecte m’a fait remarquer que le plus grand magasin Louis Vuitton du monde se trouvait à Shanghai, dans le quartier de Pudong. J’ai été très surprise par ce fait et par le design impressionnant. Le premier et le plus grand « Starbucks Reserve » a été construit à Shanghai il y a quelques années et, pourtant, c’est une société américaine. Cette tendance se poursuit donc.
Comment conçois-tu tes projets ? Quelles sont les étapes ?
Pour moi, la fonction et le style sont conçus en tandem. Il est important pour moi de comprendre comment vivent mes clients. Je veux que le design soit adapté aux personnes qui utiliseront l’espace et la créativité en découle. Je m’inspire également de l’environnement, du quartier et de la ville. C’est important dans mon travail.
En tant que femme et cheffe d’entreprise à New York ?
Quand j’ai créé mon entreprise, je n’ai pensé au fait d’être une femme. C’est quelque chose qui vient probablement du fait que ma mère était elle-même entrepreneur. Si vous voulez faire quelque chose, faites-le. Bien sûr, être une femme dans une entreprise liée à la construction n’est pas facile quand vous êtes la seule femme sur un chantier. J’ai connu des situations où un architecte masculin de mon équipe disait la même chose que moi, et il n’y a pas de retour en arrière.
Quels conseils peux-tu aux lecteurs qui veulent aménager leur maison ?
Depuis la pandémie, nous passons beaucoup de temps à la maison. Elle doit être confortable mais aussi suffisamment bien organisée pour que vous ayez la place de remplir différentes fonctions à différents moments de la journée. Il est nécessaire de passer du temps à organiser votre espace, de manière à pouvoir en profiter et à trouver facilement des choses quand c’est nécessaire.
Qui sont vos clients ?
J’ai eu de nombreux types de clients tout au long de ma carrière. En tant que designer résidentiel, j’ai eu des jeunes familles, des couples âgés, des hommes d’affaires célibataires qui sont trop occupés pour penser à la conception de leur maison mais qui veulent qu’elle soit bien conçue. Je suis ouvert à tous les types de clients du monde entier. C’est la grande partie de mon travail, je rencontre des gens de tous les horizons. J’ai des clients qui sont des PDG de grandes entreprises, des stars du spectacle, des producteurs de télévision et de cinéma, des responsables financiers, de la mode et des promoteurs immobiliers.
Peux-tu nous parler de ton dernier projet ?
Je travaille sur un magnifique projet résidentiel à Shanghai, en Chine. Il s’agit d’un développement de luxe appelé Tomson Riviera. Nous avons terminé la construction et nous achevons maintenant la partie mobilier et décoration.
Défis, enjeux, difficultés, réussites de ce projet ?
J’ai été engagée pour remplacer un designer chinois local, et il a fallu un certain temps pour que le client ait confiance en mes capacités de designer malgré l’étude approfondie de mon portefolio. Au début, nous avons eu quelques difficultés avec l’entrepreneur qui s’inquiétait de l’utilisation de nombreux produits européens et américains. Nous avons passé beaucoup de temps avec les équipes techniques des différents fournisseurs lors de conférences téléphoniques la nuit aux États-Unis, alors que l’entrepreneur chinois commençait le travail le matin.
Retrouvez le site de Jasmine Lam ici
Par Franck Demaury (luxury-design)