L’avenir de l’avion est plus que menacé par la crise liée au coronavirus. Le manque à gagner des compagnies se monte déjà à plus de 250 milliards de dollars, et la moitié d’entre elles pourraient disparaître d’ici à juin.Dans une étude présentée ce jeudi, le cabinet de conseil Archery estime à trois ans le temps nécessaire pour retrouver le niveau de trafic de 2019. Et à dix ans pour retrouver la trajectoire d’avant-crise.
Trois ans pour retrouver le niveau de trafic de 2019, et dix ans pour retrouver la trajectoire d’avant-crise. Et il s’agit seulement du scénario optimiste établi par le cabinet de conseil Archery Strategy Consulting (ASC), dans une étude présentée ce jeudi sur les perspectives de sortie de crise pour l’aviation et l’aéronautique. Dans le scénario pessimiste, la courbe de croissance du trafic prévue avant la crise ne se retrouvera pas.
Cette note est dans le ton des nombreuses analyses alarmistes de l’impact de la pandémie de coronavirus sur le secteur aérien.
L’hécatombe si ça continue jusqu’en juin ?
« Si on continue comme ça, la moitié des compagnies aériennes auront disparu en juin », prédisait Alexandre de Juniac, directeur général de l’Association internationale du transport aérien (IATA) jeudi soir. Le 24 mars déjà, l’IATA évaluait déjà le manque à gagner à plus de 250 milliards de dollars [230 milliards d’euros] pour les compagnies aériennes. Soit 30 % de leur chiffre d’affaires global annuel.
Il faut dire que les compagnies aériennes sont à l’arrêt ou presque depuis plusieurs semaines. C’est le cas de 90 % de la flotte d’Air France-KLM ou de la compagnie allemande Lufthansa. La première aurait un peu plus de marge que la deuxième, d’après les tableaux établis par Archery en fonction de la trésorerie des compagnies aériennes, indique Le Monde. La compagnie franco-néerlandaise a ainsi six mois de survie devant elle avant la faillite, quand Lufthansa n’en a que trois. Tout comme l’Américaine Delta.
Tout de même, ces trois grandes compagnies figurent parmi les mieux loties. En raison de leur poids dans l’économie, du nombre important de leurs salariés ou de la connectivité aérienne qu’elles apportent à leur pays, elles seront sauvées par les Etats. « Air France bénéficiera d’un soutien massif de la part de l’État », rappelait Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, mercredi dernier, au JT de France 2. Les petites compagnies, en revanche, risquent de disparaître.
Constructeurs et aéroports embarqués dans la tourmente
Quoi qu’il en soit, « les compagnies n’auront d’autre choix que de se redimensionner, de resserrer leurs flottes », et aussi de retarder le renouvellement de leurs appareils, indique Archery. Par ricochet donc, c’est tout le secteur aérien qui pourrait être durablement touché. Des aéroports aux sociétés de maintenance, en passant par les constructeurs d’avions. « La baisse du trafic aérien va impacter la demande d’avions entre 40 et 60 % sur les cinq années à venir par rapport à la production réalisée en 2018, soit entre 3.000 et 5.000 livraisons d’avions contre 8.000 en 2018 », estime Archery dans son étude. Boeing, déjà englué depuis plus d’un an dans la crise de son 737 MAX, pourrait en ressortir encore plus affaibli, précise Le Monde. L’avionneur américain a d’ores et déjà mis en place un plan de départs volontaires, annonçait son PDG, Dave Calhoun, le 2 avril.
Côté aéroport, le cabinet Archery s’attend aussi à des reports de projets d’augmentation de capacités, cite La Tribune. Comme le terminal 4 de Roissy-Charles de Gaulle, prévu en 2028.